
Devoray : donner forme à son produit
Devoray, l’entreprise œuvrant dans le domaine de l’impression alimentaire 3D et basée à Québec, fait partie des sept de la province qui ont reçu le mois dernier l’appui du gouvernement du Canada. Son projet, qui vise à améliorer sa productivité et la mise en œuvre d’une stratégie de commercialisation internationale, a ainsi bénéficié de 250 000 $ dans le cadre du financement et accompagnement Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC).
Les principales activités financées par DEC sont l’acquisition et l’installation d’une chaîne de production automatisée, la participation à des foires commerciales, l’embauche de ressources spécialisées en ventes et marketing, le développement d’un site Internet, en plus d’outils promotionnels et publicitaires. Le coût total du projet qui a commencé à prendre forme l’an dernier est évalué à plus de 646 000 $.
« Une partie de l’argent nous permettra de développer davantage notre présence aux États-Unis, explique Samuel Côté, fondateur. On a beaucoup de demandes là-bas, mais ce sont souvent des projets trop gros pour nous. C’est un peu pour ça qu’on a voulu doubler notre capacité de production. Les États-Unis ont une population plus importante que la nôtre, il y a donc plus de early adapters et les affaires se font beaucoup plus vite, en plus d’avoir un dollar plus fort que le canadien. »
Pour le moment, la Californie et la Floride sont principalement visées, car davantage réceptives aux produits de Devoray. L’attente est que l’intérêt s’étende ensuite aux autres États, puis au Canada anglophone, puis au Québec.
Personnaliser son produit
Devoray développe en interne ses propres machines, les fabrique et les opère pour vendre depuis 2016 des produits alimentaires et à terme, ses machines. Ses clients, dont font partie la Société des alcools du Québec et David’s Tea, la sollicitent pour développer des produits à leur nom ou encore des cadeaux corporatifs.
« L’impression 3D est une méthode de manufacture qui n’a pas vraiment de limites, contrairement au moulage et à l’usinage qui requièrent des pièces très simples pour être réalisables. Le procédé fonctionne avec des ingrédients secs qui se retrouvent sous forme de poudre, par exemple des fruits et des épices, il n’y a donc pas de potentiel de bactéries dans les produits. La durée de conservation la plus courte est d’un an et la plus longue serait de trois ans, selon la recette », souligne Samuel Côté.
Des HRI aux détaillants
Avant la pandémie, l’entreprise ciblait particulièrement les hôtels de luxe, comme tous les Fairmount et plusieurs Marriott, ainsi que les chaînes de restaurants, dont Shaker. Ces industries ayant été fortement affectées par les fermetures, Devoray a saisi l’occasion pour créer sa propre marque, Poseidn, et vendre directement ses produits aux consommateurs.
Pour le moment, il s’agit de boissons et plus particulièrement de cocktails conçus avec des mixologues, par exemple le Moscow mule et le Gin & tonic au concombre. Les produits se retrouvent aujourd’hui dans près de 200 magasins spécialisés au Canada et aux États-Unis, dont Chez Farfelu à Montréal. Chaque produit se présente sous une forme unique et se dissout le plus rapidement possible au contact d’un liquide.
Des collaborations sont également développées, par exemple avec le maître chocolatier Laura Secord pour offrir un chocolat chaud en forme d’ourson. « Quand on développe un nouveau produit, surtout une nouvelle application, on fait exprès de collaborer avec une grosse marque qui va pouvoir nous donner son opinion parce qu’elle connaît très bien sa clientèle, fait savoir le fondateur. Souvent, on va sortir le produit avec elle, ce qui aide beaucoup à ce que les consommateurs les assimilent, car ils font confiance à la marque. »
Une recherche de popularisation
Plusieurs essais ont été faits avant de concentrer les efforts sur les boissons, entre autres la gomme à mâcher, les chocolats et les décorations pour gâteaux. « Les boissons sont celles qui ont le mieux fonctionné. Ce qui est amusant est que les gens ont le temps d’apprécier l’expérience. Aussi, on ne peut pas afficher n’importe quel prix de vente et c’est quand même une nouvelle technologie qui coûte cher à opérer. L’avantage de la boisson est qu’elle peut être vendue quelques dollars sans trop de problèmes, contrairement à un bonbon par exemple que l’on essaierait de vendre à 3 $ ou 5 $ l’unité », affirme Samuel Côté. L’entreprise s’est également lancée dans l’événementiel, mais elle a arrêté cette activité, car les volumes n’étaient pas assez élevés par rapport aux capacités de production.
« On a breveté notre technologie en Occident, on se sent donc en sécurité pour le moment, estime le fondateur. On s’attend à ce que des compétiteurs fassent leur apparition et ce sera une bonne chose, car ça va nous permettre de développer encore plus vite la demande pour ces produits. Notre projet a toujours été d’avoir une impression 3D économiquement viable pour l’alimentaire ! » Un nouveau produit devrait voir le jour début 2023 et répondre à la tendance des produits sains. Devoray privilégie dès à présent une liste d’ingrédients la plus courte possible, avec des ingrédients les plus naturels possibles, sans agent de conservation ni arôme artificiel.
Pour suivre Devoray :
- sur le web : devoray.com
- sur Facebook : Devoray
- sur LinkedIn : Devoray