
Côte-Nord : les coûts de transport ralentissent les épiceries
L’approvisionnement reste toujours une préoccupation pour les quelques épiceries au bout de la route 138. Peu de compagnies de transport et de fournisseurs s’aventurent aussi loin et les coûts de transport sont élevés.
Relié depuis 1996 au reste du Québec par la route 138, Natashquan fait encore face à des problématiques de transport. Presque trente ans plus tard, malgré cette avancée majeure pour les habitants, les commerçants locaux font toujours face à des coûts de transport élevés par camion.
Propriétaire d’une épicerie communautaire à Natashquan et d’un dépanneur à Pointe-Parent, à quelques kilomètres au sud de Natashquan, Marc-Antoine Ishpatao a décidé depuis 2017 de se débrouiller lui-même pour s’approvisionner en créant sa propre compagnie de transport.
« Au moins, je sais que je me donne du bon service et je maîtrise ce que je fais, assure l’entrepreneur, malgré quelques retards en hiver. Jusqu’en 2016, il y avait une seule compagnie de transport qui venait jusqu’ici et c’était très cher. »
Une logistique dédiée
En partenariat avec la bannière Metro de Saint-Jean-Port-Joli, sa compagnie de transport fait quatre heures de route jusqu’à Sept-Îles deux fois par semaine pour récupérer la marchandise dans son entrepôt et approvisionner ses deux magasins ainsi que d’autres commerces de la région. Il doit tout de même se rendre à Saint-Jean-Port-Joli une fois par mois.
« Je n’avais pas d’entrepôt il y a quelques années. Une compagnie de transport amenait la marchandise jusqu’à Sept-Îles et ensuite une autre compagnie prenait le relais depuis Havre-Saint-Pierre jusqu’à Natashquan », explique l’entrepreneur.
Il fustige le fait que certains distributeurs de produits alimentaires ne vont toujours pas plus loin que Havre-Saint-Pierre : « Pour eux, il n’y a pas assez de volume pour remplir le camion, en particulier pour les produits périssables. Je dois donc payer mon propre transport de Sept-Îles jusqu’à Natashquan ».
Sans sa société de transport, l’épicier indique qu’il aurait de la misère à approvisionner ses magasins et contrôler les prix qu’il pratique. « Ça serait encore plus cher pour les clients », assure t-il.
« On est un peu délaissé »
Aujourd’hui, le transport par bateau revient toujours moins cher. « Mais c’est pareil, il va jusqu’à Havre-Saint-Pierre, ne s’arrête pas à Natashquan et continue son chemin vers la Basse-Côte-Nord et Kegaska », note Marc-Antoine Ishpatao. À Natashquan, le constat est partagé par le Marché Omni. Son propriétaire, Richard Beaudry, affirme aussi que le transport en bateau est « toujours moins cher ».
Alors que le gouvernement du Québec a récemment débloqué plus de 600 M $ sur deux ans pour améliorer le réseau routier et aéroportuaire en Côte-Nord, avec notamment une portion d’asphalte sur 14 km à l’est de Sept-Îles, les détaillants alimentaires ne voient pas les investissements successifs changer les choses à leur niveau.
Pour Marc-Antoine Ishpatao, « il faut vraiment conscientiser les gens sur ce qu’on vit ici en tant que détaillant alimentaire avec les coûts de transport. Loin de tout, on est malheureusement un peu délaissé ».