
Avec MAMA, Marie-Florence Gagnon met la main à la pâte à Trois-Rivières
À peine quatre mois après l’ouverture de son épicerie fine MAMA à Trois-Rivières, Marie-Florence Gagnon, Cheffe diplômée de l’ITHQ et mère de deux enfants, se sent déjà pousser des ailes pour poursuivre cette aventure en alimentation.
« J’ai toujours su que je voulais être propriétaire de mon entreprise et je me suis toujours dit, le plus tôt je le fais, le plus vite j’arrive à mon objectif », déclare la nouvelle épicière.
Native de la région, la jeune trentenaire a préféré revenir aux sources, après 8 ans à Montréal, pour lancer son projet et prendre une place encore libre. En effet, en comparaison à Montréal où se côtoient de nombreuses épiceries fines, le marché de Trois-Rivières ne lui semble pas avoir beaucoup changé depuis plusieurs années. « Donc ouvrir un nouveau commerce comme le mien, ça a amené un petit vent de fraîcheur dans le quartier et l’accueil s’est fait à bras grands ouverts », remarque-t-elle.
Elle a dû attendre deux mois avant que son local idéal de 1200 pieds carrés se libère. Situé dans une aire commerciale où les gens viennent faire leurs emplettes, il est entouré d’épiceries différentes de la sienne qui lui amènent de l’achalandage. « Il y a aussi beaucoup de résidentiel autour, et l’université et le cégep tout près. C’est très bien placé au coin de deux boulevards. Je ne voulais pas aller au centre-ville car les trifluviens n’ont pas l’habitude d’y faire leur épicerie », explique-t-elle.
« L’actualité alimentaire me mettait des bâtons dans les roues »
Malgré un contexte économique défavorable où le panier d’épicerie moyen tend à la baisse, Marie-Florence reste convaincue de répondre à une demande locale. « Les gens sont plus éduqués sur la provenance des produits et de plus en plus responsables. Ils recherchent des produits locaux de qualité, faits par des producteurs d’ici qui priorisent la qualité », souligne la propriétaire. Avec son offre qualitative de produits fins et haut de gamme, différente des épiceries environnantes, elle arrive dans un « bon timing ».
Évidemment, elle est consciente qu’on ne fait pas son épicerie de tous les jours chez MAMA. On y va pour les occasions spéciales, que ce soit un 5 à 7 apéritif et plateau de fromages, un souper en amoureux proche d’un repas gastronomique ou un vendredi soir plus festif. « Si les gens n’ont pas les moyens de s’offrir un restaurant, mais veulent continuer à se faire plaisir, je suis l’autre option pour bien manger à la maison, sans payer pour le service, les taxes et l’ambiance », explique Marie-Florence Gagnon.
Si aujourd’hui elle a réussi à fidéliser une certaine clientèle de « foodie », du jeune professionnel à la retraitée, il a tout de même fallu convaincre la banque du potentiel de son projet pour obtenir des prêts. Au lieu de mandater une firme pour analyser le marché, elle s’est procurée le magazine Bouillon par Îlot qui publiait une étude exclusive sur la relation des Québécois avec la bouffe. Le dossier révèle alors « que les Québécois priorisaient de plus en plus l’achat local. Il y avait plein de statistiques et de pourcentages pour le confirmer, c’est là que j’ai conclu que mon idée d’ouvrir une épicerie fine n’était pas irréaliste », confie-t-elle.
Un produit unique
Le produit qui la démarque est son meilleur vendeur : les pâtes fraîches faites maison de façon artisanale, à même la cuisine ouverte de son magasin. Elle est d’ailleurs la seule épicerie à en offrir à Trois-Rivières, surtout de cette qualité. Aidée par sa cuisinière à mi-temps, elle utilise les produits frais de ses fournisseurs triés sur le volet. « Je me rends compte que ce que je vends le plus, c’est ce que je cuisine au final », réalise-t-elle. Aux pâtes, les clients ajoutent la sauce qu’elle prépare également elle-même. « Il n’y a pas de tour de passe-passe sur les ingrédients, je joue la carte de la transparence. Je ne triche pas, tout est écrit sur l’étiquette », spécifie-t-elle.
Parlant d’étiquette, il y en a un peu partout sur les étagères de l’épicerie. Marie-Florence Gagnon a pris la peine d’en composer elle-même les textes. Objectifs : informer la clientèle sur les ingrédients, raconter l’histoire derrière la marque et mettre en relief les talents québécois. MAMA est même devenue une nouvelle vitrine pour certains producteurs de la Mauricie qui avaient déjà des distributeurs à Québec ou à Montréal, mais aucun point de vente à Trois-Rivières.
Des restaurateurs comme clients
En plus de fournir le café d’à côté en sandwichs et autres petits pains sucrés, MAMA vend ses pâtes aux restaurants Poivre noir à Trois-Rivières et La Bette de Trois-Rivières à table. « Souvent les restaurants manquent de main-d’œuvre en cuisine, donc ils cherchent des façons de s’alléger la tâche et avec moi, ils sont sûrs d’avoir un produit de grande qualité », assure la propriétaire, qui aimerait développer davantage de partenariats avec le milieu de la restauration.
Sinon, elle partage ses connaissances en donnant des cours ouverts au public. Une fois par semaine, de 18 h à 20 h après la fermeture, elle ouvre une bouteille de vin et apprend à un groupe de quatre personnes à faire des pâtes. Ça lui assure un revenu supplémentaire non négligeable. Et quand elle poste sur Instagram des vidéos en action, les commandes affluent.
À l’image de tout entrepreneur, elle a plein de projets en tête pour diversifier son offre. « Je manque de temps pour développer toutes mes idées parce que j’occupe trois emplois en même temps : je fais la gestion de l’épicerie, la caisse et la cuisine », commente Marie-Florence Gagnon. Mais cet été, elle compte proposer des prêts-à-manger, des entrées et des desserts en complément d’un repas. Toujours en gardant le haut-de-gamme comme créneau.
Même si elle caresse le rêve de devenir un point central en Mauricie pour les producteurs québécois et les adeptes de l’alimentation locale, elle sait que ce n’est pas pour tout de suite. Pour le moment, les affaires s’annoncent sous de bons auspices et le bouche-à-oreille fait son chemin.